Le Kendo
Un peu d'histoire
« Le kendo est la plus ancienne, la plus respectée et la plus populaire des disciplines modernes du Budo » écrivait Donn F. Draeger, qui fut un spécialiste des arts martiaux japonais.
Après une longue période de guerres et l'unification du pays par le Shogun Tokugawa Ieyasu, le Japon entre dans une ère de paix qui durera plus de 260 ans, l' époque d'Edo (1600-1868), au cours de laquelle le kenjutsu qui a perdu en pratique sa finalité sur les champs de bataille prend son essor dans la formation de la caste dirigeante, celle des bushi (ou samouraï). Le kenjutsu est alors l'un des 18 arts martiaux que doit pratiquer le bushi. De nombreux traités sur le sabre sont publiés à cette époque au Japon tel le "Gorin no sho" de Miyamoto Musashi ou le Hagakure de Yamamoto Jocho . De "sabre pour tuer" le kenjutsu évolue vers le "sabre pour vivre" (katsujinken) par l'étude duquel le pratiquant forge sa personnalité. Afin de faciliter la pratique jusque là limitée à des kata au sabre de bois (bokken ou bokuto) ou au sabre réel, Naganuma Shiro développe au début du XVIIIe siècle le sabre en bambou ( shinai /shinaï) et différentes protections (bogu) afin d'autoriser des frappes réelles pendant les assauts. Parallèlement à l'amélioration du matériel qui prend la forme définitive que nous lui connaissons aujourd'hui peu avant la fin de l'ère Edo, le kenjutsu évolue vers sa forme moderne, le kendo.
A la Restauration de Meiji ( 1868 ), le port du sabre est interdit par décret impérial en 1876, la caste des samouraïs est dissoute et les arts martiaux tombent en désuétude avec l'introduction des techniques militaires occidentales. Les arts martiaux, dont le kenjutsu, renaissent toutefois dès 1878 dans les écoles de police et la première fédération d'arts martiaux, la "Nihon Butokukai" est créée à Kyoto au sein du dojo Butokuden en 1895. C'est à peu près à la même époque, en 1899, qu'est traduit en anglais le livre "Bushido" de Nitobe Inazo (1862-1933) qui contribuera grandement à faire connaitre à l'étranger les arts martiaux Japonais.
La défaite du Japon en 1945 porte un coup sévère aux arts martiaux japonais en général et au kendo en particulier, responsables selon l'occupant américain de véhiculer une idéologie militariste via le Bushido. Le kendo sera interdit après la guerre, mais sa pratique sportive se poursuivra sous le nom de "compétition au shinai" jusqu'en 1952 date à laquelle se constitue la Fédération Japonaise de Kendo (Zen Nippon Kendo Renmei).
En France, le Kendo est apparu en 1956, pendant une dizaine d'années sa pratique resta confidentielle ; à partir de 1967 les premières missions officielles japonaises apportèrent leur aide et des groupes se structurèrent. En 1972, l'unité se réalisa avec l'entrée du Kendo au sein de la F.F.J.D.A. Le COMITE NATIONAL DE KENDO devenait ainsi, en 1973 "Disciplines Associées" et intégrait avec lui le Naginata, le Iaido et le Jodo.
La pratique
Le kendo, littéralement "la voie du sabre", est l'escrime japonaise. Les pratiquants, protégés par une armure, combattent en utilisant un shinaï, arme en bambou dont le maniement doit respecter les principes du sabre. Il s'agit d'un art martial de plein contact, permis par l'adaptation de l'arme et le port de l'armure.
Les kata
Les kata (aussi appelés kendo no kata ou nihon kendo kata ) sont une synthèse de différentes écoles anciennes. Ils sont pratiqués avec un bokken, sabre en bois. Créés en 1912 par un comité d'experts ils se composent de dix séquences codifiées de combat entre deux partenaires.
Les kata sont des enchaînements précis de techniques où l'accent est mis sur la qualité et l'authenticité de l'exécution. Les kata sont réalisés par deux personnes sans armure, sous une forme entièrement codifiée. Pour chaque kata, on trouve un maître (uchidachi) et un élève (shidachi). Le maître donne toujours le premier coup, et l'élève le dernier, ce qui fait de lui le "vainqueur". Cependant, l'objectif du kata n'est pas la victoire mais plutôt l'exécution fluide sans faille des techniques.
L'étiquette : le reigi
"Le kendo commence et se termine par un salut". Cette règle fondamentale souligne l'importance de l'étiquette qui fait totalement partie de la pratique du kendo.
Les saluts (en début et fin de cours, en début et fin de combat), la façon de s'aligner dans le dojo, la manière de s'équiper, de tenir le shinai hors combat etc, font l'objet d'un ensemble de conventions, qui exprime le respect et la gratitude envers les autres pratiquants, les professeurs, le dojo et le matériel.